mardi 31 janvier 2017

3. Et Jésus continue d'ouvrir la porte!

Voici le 3ème article de la série "Jésus ouvre la porte".


La dispute de Jésus avec les pharisiens continue. Elle empire même! Désespérément, les gens s'efforcent de fermer les portes que Jésus ouvre. Ils pensent que s'ils ne se barricadent pas, tout fout le camp, comme disent les nostalgiques du passé. Tout disparaît : la morale, la religion, la nation, la sécurité... Tiens tiens! C'est le même discours que tiennent les populistes d'aujourd'hui face aux immigrés qui frappent aux portes de l'Europe.
Regardons les miracles de Jésus. L'étonnant est moins le miracle - il y avait beaucoup de guérisseurs en Palestine - que les réactions des gens. La majorité s'extasiera :"Un grand prophète s'est levé!" Mais les docteurs de la Loi, ça leur donne de l'urticaire :"Guérir un jour de sabbat, quand même!" D'après la Loi, pas le droit de bouger le petit doigt le jour du sabbat. Ce à quoi Jésus répond  tout de go :"Mon Père travaille, et moi je travaille aussi."
Il faut lire et relire la délicieuse guérison de l'aveugle-né au chapitre 9 de St Jean. On se mettra ainsi dans l'ambiance un peu électrique de ce temps-là. Et, en Luc 13/16, Jésus d'opposer la clarté de l'évidence à la bêtise des gens coincés :"Ne fallait-il pas que cette fille d'Abraham, tenue liée par Satan depuis 18 ans, soit délivrée le jour du sabbat?"
Et que dire du Seigneur entrant chez Zachée, ce pelé dont les  purs ne franchissaient jamais le seuil? Que dire du  Maître osant partir chez un païen pour guérir son serviteur.... Non vraiment, les gens n'aimaient pas les courants d'air, ils refusaient que le vent fou de l'Esprit souffle sur tous les hommes. Ce faisant, ils refusaient la grâce de Dieu "qui passe".
Et l'Eglise? J'en retiens deux temps forts, l'un au début, l'autre aujourd'hui. Dans ces deux temps, les chrétiens suivirent les intuitions de Jésus en ouvrant les portes de l'Eglise. Ce fut d'abord la porte ouverte aux "païens", aux non-juifs, aux non-circoncis, au temps de St Paul. Et comme la nature humaine est comme ça, dès que Paul parla d'aller annoncer le Royaume aux "païens", les chrétiens de Jérusalem d'origine juive firent, eux aussi, une crise d'urticaire. Il fallut que l'Esprit-Saint souffle comme le mistral un jour d'équinoxe, pour que l'Eglise de Pierre et de Jacques ouvre sa porte.

La deuxième porte ouverte, ce fut, tout près de nous, le Concile Vatican 2. Alors là, on ouvrit les deux battants! Une liturgie plus simple dans la langue, un désir de rencontre œcuménique, une immense ouverture aux non-chrétiens et aux non-croyants, un regard de sympathie vrai sur le monde... Là encore, certains frisèrent l'infarctus, on cria au relativisme, on tenta de revenir à une liturgie dite "traditionnelle", on rêva à un retour à la chrétienté d'antan... Ce n'est pas fini; par exemple, les femmes poussent la porte de l’Eglise, mais celle-ci  grince pas mal.   Quand même, celui qui claquera cette porte au nez du monde, n'est pas encore né! Ce qu'il nous faut, c'est de la confiance, c'est de l'audace comme disait le P. Moingt. Oui, avec de l'audace, la vieille dame Eglise peut rester jeune! 

samedi 21 janvier 2017

2. Que faire avec l'enfant fugueur qui revient?

Voici le deuxième article de la série "Jésus ouvre la porte":

En voilà une question! Une première réaction pourrait être :"Lui donner une bonne fessée dont il se souviendra." Il s'en souviendra pour se tenir tranquille, la rage au cœur, peut-être, ou il repartira pour ne plus revenir.

Quand on lit la parabole dite "de l'enfant prodigue",  on s'aperçoit que la réaction du papa est toute autre. La réaction de Dieu est toute autre. Comme d'habitude, elle est à l'inverse de celle des hommes, de nous autres pauvres pékins. Le papa ne gronde pas, il ouvre les bras, il ouvre la porte de son cœur comme celle de sa maison.
Quelle éducation ratée! Les partisans de la porte fermée crieront à l'indulgence coupable, ils parleront au moins d'une fessée méritée. C'est d'ailleurs ce que fait le fils aîné qui ne supporte pas que son cadet soit amnistié si facilement. Il veut refermer la porte que son père a ouverte.

Remarquons que la porte de la maison est ouverte au départ comme au retour. Quand le garçon veut partir, son père ne discute pas, il lui fait l'avance de l'héritage (ce qui est un peu fort, même s'il y a eu donation-partage), et le laisse quitter la famille. Au retour, le fugueur retrouvera la porte ouverte. Profondément, on  comprend que Dieu respecte notre liberté. Jean-Marie Ploux écrit :" Le père ne lui fait aucun reproche et surtout pas celui d'avoir pris sa liberté, bien moins encore celui d'avoir dilapidé sa fortune. Si ce père représente Dieu, je le soupçonne fort de préférer le gaspillage à l'avarice!"(J.M. Ploux - Dieu n'est pas celui eu vous croyez, p. 130-131).

Cette liberté de la porte ouverte, qui est la liberté de l'amour, on la retrouve dans le discours où Jésus se présente comme "la porte" :"Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera de quoi se nourrir. (Jn 10/9)".  Et Jacques Dherbomez commente :"Loin de calfeutrer ses brebis dans un protectionnisme anxieux, Jésus les invite à une vie nouvelle. Il brise les barrières de la solitude et de la peur....Le salut n'est pas défini comme une préservation des dangers extérieurs, mais plutôt comme un espace vital où chacun entrera et sortira,  et trouvera sa nourriture. Nous ne sommes pas dans le Huis-clos de Sartre. Devant l'humanité s'ouvre un espace, un espace infini, une vie en avant.... Nous ne sommes pas condamnés à tourner en rond, il y a un chemin ouvert..." (commentaire de Jean 10, p.4).

Oui, en christianisme, il y a plus de vérité dans la porte ouverte  que dans le cadenas Vachette   agité sous les yeux des chrétiens en d'autres temps :"Vous êtes perdus! Tous pécheurs!"  Mieux vaut retrouver l'esprit du père de l'enfant fugueur, et dire la vérité de l'Evangile.

mardi 10 janvier 2017

Jésus ouvre la porte

 Je commence aujourd'hui une série d'articles-méditations sur le thème "Jésus ouvre la porte". Ces méditations seront diffusées sur Radio Chrétienne en France-Vaucluse, du 14 au 19 février prochains.



 Cela me rappelle Alfred de Musset qui titrait une de ses pièces de théâtre :"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée."... Or Jésus s'est résolument rangé dans l'équipe des ouvreurs de portes. Lui, le Fils du Père, c'est dans ses gênes: il ne peut pas voir une porte fermée, c'est un homme de plein air, de vent du large. Depuis son départ de Nazareth, il n'a jamais fermé la porte de sa maison, pour la bonne raison qu'il n'avait pas de maison à lui!

Mais quand on lit l'Evangile, on est frappé au premier coup d'œil: Jésus est tout le temps en train de se disputer avec les pharisiens  et les docteurs de la Loi. Tout le temps! Et, quand on regarde encore, on voit que Jésus passe son temps à ouvrir des portes que les autres s'évertuent à fermer... Peut-être n'est-ce pas de leur faute; ils ont mal lu l'Ancien Testament, n'y trouvant que la Loi, les interdits et autres consti- pations. La Loi était donnée par Dieu comme un guide, c'était même un mode d'emploi de l'amour. Mais des fanatiques, des anges gardiens, des "gardiens du temple" y ajoutèrent une foule de prescriptions qui en firent un carcan. Jésus n'hésite pas à dire :"Les scribes et les pharisiens lient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des hommes, alors qu'eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt!" Mt 23/4. Ce faisant, Jésus exerce avec bonheur la vertu d'indignation chère à Mr Stéphane Hessel, et bien avant lui!.

Donc, Jésus ouvre la porte. Il l'ouvre entre autres, pour la femme adultère (Jn 8/1-11). La scène se passe sans doute dehors, peut-être même aux portes de la ville. Pourtant, la fautive est bel et bien cernée, enfermée, coincée par le cercle des gens qui l'ont arrêtée. Pas d'issue possible: d'un côté les gens qui vocifèrent, les cailloux à la main, de l'autre le Maître qui avait expulsé sans douceur les marchands du Temple. Rien de très rassurant pour la dame!
Or, d'une seule phrase, Jésus lui ouvre la porte. C'est bien la porte du pardon. On ne sait pas si elle a récidivé après, toujours est-il que ce jour-là,  elle a compris que ce Dieu du pardon est celui  qui lui fait confiance, qui fait confiance à l'homme. Nous y reviendrons...
Telle fut, pour Jésus, la première et peut-être la plus belle porte ouverte! En l'occurrence ouverte aux femmes. Entre nous, n'est-ce pas un clin d'œil à notre Eglise, si frileuse dès qu'il s'agit de faire confiance aux femmes?

De la même eau, on trouve l'histoire du fils fugueur. Nous en reparlerons . Mais déjà, disons que faire confiance à l'autre comme le fait Jésus, c'est le grandir et croire en lui.