La dispute de Jésus avec les pharisiens continue. Elle empire
même! Désespérément, les gens s'efforcent de fermer les portes que Jésus ouvre.
Ils pensent que s'ils ne se barricadent pas, tout fout le camp, comme disent
les nostalgiques du passé. Tout disparaît : la morale, la religion, la
nation, la sécurité... Tiens tiens! C'est le même discours que tiennent les populistes
d'aujourd'hui face aux immigrés qui frappent aux portes de l'Europe.
Regardons les miracles
de Jésus. L'étonnant est moins le miracle - il y avait beaucoup de
guérisseurs en Palestine - que les réactions des gens. La majorité s'extasiera
:"Un grand prophète s'est
levé!" Mais les docteurs de la Loi, ça leur donne de l'urticaire
:"Guérir un jour de sabbat, quand
même!" D'après la Loi, pas le droit de bouger le petit doigt le jour
du sabbat. Ce à quoi Jésus répond tout
de go :"Mon Père travaille, et moi
je travaille aussi."
Il faut lire et relire la délicieuse guérison de l'aveugle-né
au chapitre 9 de St Jean. On se mettra ainsi dans l'ambiance un peu électrique
de ce temps-là. Et, en Luc 13/16, Jésus d'opposer la clarté de l'évidence à la
bêtise des gens coincés :"Ne
fallait-il pas que cette fille d'Abraham, tenue liée par Satan depuis 18 ans,
soit délivrée le jour du sabbat?"
Et que dire du Seigneur entrant chez Zachée, ce pelé dont
les purs ne franchissaient jamais le
seuil? Que dire du Maître osant partir chez
un païen pour guérir son serviteur.... Non vraiment, les gens n'aimaient pas
les courants d'air, ils refusaient que le vent fou de l'Esprit souffle sur tous
les hommes. Ce faisant, ils refusaient la grâce de Dieu "qui passe".
Et l'Eglise? J'en retiens deux temps forts, l'un au début, l'autre aujourd'hui. Dans ces deux
temps, les chrétiens suivirent les intuitions de Jésus en ouvrant les portes de
l'Eglise. Ce fut d'abord la porte ouverte aux "païens", aux
non-juifs, aux non-circoncis, au temps de St Paul. Et comme la nature humaine est
comme ça, dès que Paul parla d'aller annoncer le Royaume aux
"païens", les chrétiens de Jérusalem d'origine juive firent, eux
aussi, une crise d'urticaire. Il fallut que l'Esprit-Saint souffle comme le
mistral un jour d'équinoxe, pour que l'Eglise de Pierre et de Jacques ouvre sa
porte.
La deuxième porte ouverte, ce fut, tout près de nous, le
Concile Vatican 2. Alors là, on ouvrit les deux battants! Une liturgie plus
simple dans la langue, un désir de rencontre œcuménique, une immense ouverture
aux non-chrétiens et aux non-croyants, un regard de sympathie vrai sur le
monde... Là encore, certains frisèrent l'infarctus, on cria au relativisme, on
tenta de revenir à une liturgie dite "traditionnelle", on rêva à un
retour à la chrétienté d'antan... Ce n'est pas fini; par exemple, les femmes
poussent la porte de l’Eglise, mais celle-ci grince pas mal. Quand même, celui qui claquera cette porte au
nez du monde, n'est pas encore né! Ce qu'il nous faut, c'est de la confiance,
c'est de l'audace comme disait le P. Moingt. Oui, avec de l'audace, la vieille
dame Eglise peut rester jeune!
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