jeudi 29 septembre 2016

Lourdes Cancer Espérance (LCE)

Dans le car qui nous ramenait du pèlerinage, j'avais demandé à ceux qui le voulaient, de dire une chose qui les avait marqués durant cette semaine. Et j'ai donné mon propre témoignage. J'ai été frappé, secoué, émerveillé - je ne trouve pas le mot - par l'ambiance de vérité qui avait régné pendant ces quelques jours à Lourdes. Des rencontres vraies, sans chichis ni ronds de jambe. On aurait dit une bande de vieux (et jeunes) copains heureux de parler de leur vie, ou simplement d'être ensemble.

Et pourtant, comme nous étions différents! Pas beaucoup de PDG, mais des messieurs prospères côtoyant de menues dames à la retraite. Des petits vieux tout cassés blaguant avec le jeune qui poussait la voiturette. Et tous ou presque, ayant titillé la mort, ou la fréquentant encore tous les jours.
Je crois que c'est ce voisinage avec la mort qui fait la vérité et l'ambiance du pèlerinage. Je revois cette femme encore jeune qui sent la maladie l'envahir peu à peu, et qui en parle si peu, préférant sourire; j'écoute ce petit prêtre en voiturette qui traîne son cancer depuis vingt ans,  qui chaque année revient et qui embrasse tout le monde. Et des veufs, et des veuves qui sont sortis de leur solitude pour se retrouver d'un même cœur avec 6000 souffrants, mais des souffrants-sourire,  des souffrants blagueurs, des souffrants chanteurs dans cette immense basilique souterraine.
C'est dans cette ambiance que faire le Chemin de Croix ensemble prend tout son sens. Là, chacun confronte sa propre vérité avec celle du Christ, et chacun s'y retrouve, marchant sur un même chemin avec sa propre aventure. C'est là aussi que le Sacrement des Malades devient vraiment un sacrement de vie!

Il y a autre chose qui explique cette ambiance du pèlerinage LCE... Quand on essaie de se mettre dans la peau des pèlerins, quand on les connaît un peu, on sait quels moments de solitude terribles vivent beaucoup d'entre eux chez eux. Des amis s'éloignent, des "proches" espacent leurs visites, les coups de fil se font plus brefs... Or la solitude peut faire le lit de la peur. On cherche une main à tenir, on voudrait des certitudes de guérison qui ne viennent pas.
Or à Lourdes, on n'est plus seul, oh que non! Non seulement on parle, mais on SE parle. Alors on prend le temps de s'écouter, de blaguer, de rire ensemble. On galéje, comme on dit dans le Midi. Et ça rend la vie plus légère. Et l'on est 6000 à chanter en chœur.... Après, chacun rentré chez soi retrouve sa solitude, mais ces huit jours de respiration ne rappellent-ils pas ce que disait St Paul :"Portez les fardeaux les uns des autres; accomplissez ainsi la loi du Christ." (Galates 6/2). Et: "Je t'ai rencontré, j'ai VU ta misère, et je suis descendu m'asseoir près de toi" (à la manière d'Exode 3/7).

Pour conclure, disons qu'il ne faut pas s'étonner si bien des malades témoignent qu'à Lourdes, ils ont retrouvé la foi.