Voici ces extraits:
Devant la tentation du Front national,
les chrétiens, tout particulièrement les catholiques, et en tout premier lieu
les évêques, doivent regarder leur histoire en face.
Chaque homme, chaque femme est mon frère, ma soeur, je lui dois l’accueil et le soin. Accueillir et soigner cet étranger qui est mon « prochain », c’est accueillir Dieu lui-même. Si de trop nombreux catholiques ne voient pas en quoi le vote frontiste pose problème, c’est hélas parce qu’ils sont les héritiers sans mémoire d’un courant du catholicisme qui confond l’Évangile et l’ordre moral et qui a longtemps prospéré dans notre pays. Souvenons-nous que c’est dans cette France si catholique qu’il y a soixante quinze ans, tant de gens, y compris la quasi-totalité des évêques et archevêques, exceptions faites de Messeigneurs Salièges (Toulouse) et Théas (Montauban), puis Gerlier (Lyon) et Delay (Marseille), ne virent aucun obstacle à ce que les juifs soient d’abord interdits de nombreuses professions, puis pourchassés, emprisonnés et finalement déportés.
C’est cette faiblesse de la mémoire que
nous payons aujourd’hui. Certains catholiques, qui tiennent davantage à leur
identité qu’à l’Évangile, croient pouvoir rejoindre les rangs du Front national
ou lui donner leur suffrage. Les évêques, comme aux sinistres temps de
l’Occupation allemande, se taisent lamentablement alors même que le pape
François ne cesse de les presser de s’engager avec la plus grande fermeté en
faveur d’une fraternité inconditionnelle.
Pourquoi ? Pourquoi ce terrible et coupable silence ? Nous savons que les évêques de France sont divisés et que certains espèrent la venue au pouvoir du Front national, quatre ou cinq peut-être, mais ils parlent haut et pèsent de tout leur poids. Au nom d’une unité factice, d’une unanimité de façade, les autres se taisent. Pourtant, les chrétiens, hommes et femmes, ont le devoir de dire haut et fort que non, le programme du Front national n’est pas compatible avec l’Évangile. Parce que nous affirmons l’unité du genre humain dans le Christ, nous ne pouvons accepter l’égoïsme de la préférence nationale. Nous affirmons que l’étranger, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, est un frère ou une sœur en humanité et que nous lui devons des conditions de vie décentes au même titre que nous les devons à nos frères et sœurs de sang, et à nos compatriotes. texte transmis par le bulletin paroissial de la cathédrale Ste Anne, à Apt.