samedi 27 février 2016

7. La Mission, c'est aussi parler!





Parler oui, mais pas avant d'avoir rencontré, aimé, chanté, vécu un peu d'Evangile. Pas avant.
Parler, mais pas n'importe comment. Il y en a, on dirait qu'ils ont perpétuellement un canon de 75 sans recul dans la bouche! Ils pensent l'Eglise comme un camp retranché ou comme une colonie israélienne. Pour eux, le monde est une sorte de poubelle, un marécage où règnent le relativisme, l'indifférentisme, le laxisme et tous les "ismes" de l'enfer.... Comme si on définissait un homme par les bobos qui l'affligent ou qui le rongent!
Non, si la Mission c'est aussi parler, ce sera une parole de paix, une parole qui rafraîchit, qui éclaire, qui réchauffe, qui rassemble, qui donne envie de s'engager.
Une parole qui éclaire: tu es sorti de chez toi, tu as rencontré les autres, tu t'es battu pour la Justice, tu as chanté. Bon, ça c'est la Mission. Mais ensuite, si possible, il te faut dire pourquoi tu fais tout cela, il te faut rendre compte de la foi qui anime ta vie. Et surtout, dire et rendre compte des merveilles que Dieu fait parmi nous. Célébrer une liturgie, c'est en grande partie dire tout cela. Quand Jésus s'écrie :"Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te rends grâce...", il dit le lépreux guéri, la femme pardonnée, l'enfant ressuscité. Il le dit et en même temps il révèle le Père. Et sa parole est déjà une célébration.
Au fond, la liturgie c'est d'abord cela: on célèbre les merveilles de Dieu, on sourit en racontant comment  l'eau de Cana s'est changée en vin, comment Zachée a dégringolé de son arbre, comment les pauvres ont entendu la Bonne Nouvelle. Et peut-être aussi, dans la célébration, chacun célèbre dans son cœur la belle réunion de famille de la semaine dernière, la mention bien au bac de la petite-fille, la visite inattendue du voisin avant-hier; il s'agit, dans la liturgie, de dire Dieu et de dire les hommes.
Une parole qui rassemble. Nous les français, il paraît que nous raffolons des commémo- rations. Le drapeau, le défilé, les discours; mais aussi, mais surtout, nous aimons être ensemble, avoir les mêmes souvenirs. Avec la même gravité sur le visage quand il s'agit du souvenir des dernières guerres. Or la liturgie, c'est aussi une commémoration.  Il y a une Parole qui dit l'amour de Dieu pour nous, l'amour passé, l'amour aujourd'hui, l'amour éternel. C'est cela qui nous rassemble et qui établit entre nous une réelle connivence... Sortons de nos liturgies coincées, solennelles, ennuyeuses à mourir. Soyons plus à l'image du sacrifice animiste, où la spontanéité et le rire voisinent avec le silence respectueux et sont tout à fait de mise. Qu'importe qu'il y ait pendant la Messe un zeste d'humour ou un brin de pagaille (pas trop quand même). Ce qui rend belle la liturgie, c'est l'union des cœurs dans une communauté vivante, bien plus que les ors des chasubles et l'encens.
Je me souviens d'une messe en Afrique. On chantait, les corps rythmaient le chant. Et tout d'un coup, une grand'mère sort des rangs sur l'allée centrale et se met à danser avec mille grâces. Après elle, un tout petit bonhomme sort aussi, contemple la mamy un moment en suçant son pouce, puis se met à danser comme elle, avec beaucoup d'application. Quelle plaisir!
Quelquefois les lieux communs font du bien. Alors pour finir, disons deux choses: 1° toute notre vie peut être Parole de Dieu et liturgie . 2° ce que nous faisons "parle" souvent bien plus que ce que nous disons.

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