vendredi 6 juin 2014

Gardiens du Temple

Ayant émis l'hypothèse selon laquelle les "frères de Jésus" dans l'Evangile pourraient être de véritables frères et non des cousins, j'ai soulevé une tempête d'indignation. On me signifia que la cause était entendue, qu'il était impossible qu'il en fût ainsi. Bizarrement, je me suis retrouvé dans la peau de Nicodème en Jean 7/52 :"L'un d'entre les pharisiens, ce Nicodème qui naguère était allé trouver Jésus, dit: "Notre Loi condamnerait-elle un homme sans l'avoir entendu et sans savoir ce qu'il a  fait?" Ils répliquèrent :"Serais-tu de Galilée toi aussi? Cherche bien, et tu verras que de Galilée, il ne sort pas de prophète!"
Je crois qu'il faut faire attention. Si l'on veut soumettre l'histoire à la foi, on n'y arrivera pas plus que l'Inquisition refusant que la terre tourne autour du soleil. Pour préserver la thèse de la virginité perpétuelle de Marie, on est prêt à forcer l'histoire, et ceci par des affirmations aussi exclusives que péremptoires. On se retrouve dans la même situation que l'apprenti qui pousse le fil à plomb pour montrer que le mur est droit.
En l’occurrence, il faut reconnaître que la question des "frères" de Jésus reste ouverte. Vrais frères ou cousins? Sagement, on ne peut pas se prononcer. On ne peut que souscrire à ce que disait mon professeur d’Écriture Sainte, le regretté P. Bobichon avec son provençal accent chantant: "Quand vous serez au Paradis, vous demanderez à Marie et Joseph comment ça s'est passé!"
Résolument, il nous faut militer pour une foi ouverte, acceptant la confrontation avec l'histoire et avec la science, entendant les questions de nos contemporains, même et surtout quand elles
déstabilisent nos opinions et nos us. Devant le monde, nous devons "rendre compte de notre foi". Mais remarquons que pour la présente, il ne s'agit pas d'une question de foi, mais d'une simple querelle d'opinion.