samedi 24 août 2013

Style écclésiastique

      Nous jouons tous, plus ou moins, le personnage que les autres s'attendent à nous voir jouer. Plus ou moins encore, nous devenons prisonniers de ce que la vie nous a fait. On peut alors parler d'un "style". Un député ne parlera pas comme un sportif, le style d'un évêque sera  assez différend de celui d'un SDF. Il y a un look "financier" qui ne sera pas le look "technicien du nucléaire" ou "animateur de show-biz". Et les gens s'attendent à nous voir adopter notre style, même si secrètement ils espèrent que l'avocat ne jouera pas à l'avocat, le financier à l'important, et que l'animateur hors de son show deviendra un homme de la rue, ou un homme tout court... C'est comme ça, le style fait partie de la comédie humaine que presqu'inconsciemment nous sommes appelés à jouer.

      En fait, même si au début nous nous étonnons du style de notre milieu professionnel, assez vite cela nous devient naturel. J'ai parlé d’inconscience. Et nous serions tout étonnés si d'aventure quelqu'n se mettait à jouer les Fernand Raynaud en nous imitant!

      Ainsi, il y a un style "curé". Assez varié d'ailleurs. Cela peut aller du genre aumônier JOC tombé dans la marmite de mai 68, au look plus moderne du jeune abbé branché disant son Office sur son i-pod, en passant par le style fonctionnaire du Vatican, pontifiant, paternel, sûr de sa vérité. Entre nous, ce dernier est comme la ville  d'où il sort : éternel.
      Mais le style "curé" atteint le sublime quand on en arrive à la liturgie. Alors là, attention! Souvent, tel qui a une converstaion tout à fait naturelle dans le privé, change complètement de ton dès qu'il "monte à l'autel". Le discours se met en modulation de fréquence, on traîne sur certaines syllabes à la manière des parisiennes du 16ème. Onction, emphase, déclamation péremptoire, tous les ingrédients sont là pour faire de la liturgie un exercice, sinon insupportable, du moins suffisamment emmerdant pour que l'ennui l'emporte sur la prière.

      Vous me direz comme la servante au Pierre de la Passion :"Toi aussi, tu en es!" Bien sûr que j'en suis, et c'est bien pour cela que j'en parle. Un peu comme Saint-Simon pouvait parler de la cour de Louis XVI. Et je suis d'accord avec celui qui disait - j'ai oublié qui, un sage chinois sans doute - que se moquer de soi-même, c'est bien le commencement de la sagesse.

1 commentaire:

Bernard a dit…

Elle me plaît assez, votre page !
Attention : non pas "écclésiastique", mais "ecclésiastique"... Henri BOURGEOIS PSS - sauf erreur - commettait régulièrement cette faute malgré nos récriminations !