samedi 25 juin 2011

J'ai perdu 29.5 euros

... en achetant le livre de Mr Guy Ernest Sanga sur le Cardinal Tumi (L'Harmattan déc.2010), archévêque émérite de Douala au Cameroun... Ne parlons pas du style et de l'orthographe, qui passeraient difficilement au Certificat d'Etudes. Pour un diplomate bardé de titres, c'est assez curieux.
Non, il s'agit de ce que le cardinal aurait dit sur les missionnaires, en particulier ceux du diocèse de Yagoua au Nord-Cameroun, diocèse dont il fut l'évêque en 1980. Yagoua est le diocèse-frère de son voisin Maroua, où j'ai été pasteur pendant 37 ans. Nos pastorales étaient souvent les mêmes. Or le cardinal fait complètement l'impasse sur le travail missionnaire avant lui, sur la croissance des communautés chrétiennes, sur le travail pour le Développement etc... D'où des déclarations ahurissantes telles celles de la page 76 :"Les missionnaires, qui sont de braves gens (ben oui, quand même!), ont trop usé et abusé de faire croire aux populations que la pauvreté est bien." Ou bien, page 77 :"J'ai pu déceler une tactique remarquablement élaborée, pour maintenir les chrétiens dans un état de servitude du silence (colonialistes, va!)"

Je connais assez le cardinal Tumi pour douter que ces déclarations soient de lui. Je crois plutôt qu'il s'est fait piéger par ce journaliste-diplomate.

Toujours est-il qu'apparemment, pour le cardinal, il s'agisse surtout de suivre scrupuleusement la liturgie "romaine", et de construire de grandes églises pour être chrétien. Moyennant quoi, les seuls missionnaires qui "passent" pour lui, ce sont les polonais qui suivent la liturgie à la lettre, et les italiens, excellents constructeurs d'églises, avec des fonds italiens bien sûr. Grâce à Dieu, ils ne font pas que cela! Mais je prétends qu'une aire sacrée couverte de 800 bottes de paille apportées par les communautés locales, comme à Guili, a infiniment plus de valeur évangélique qu'une belle église financée par l'étranger. Ce que Baba Simon Mpéké avait compris, le cardinal semble l'ignorer.
J'arrête là, ayant le coeur trop lourd pour continuer. Et je garde toute mon admiration pour le courage politique de Mgr Tumi, courage dont je fus témoin. Mais je me demande :"Pourquoi tant de prélats sont si actifs à dénoncer les tares des Etats et des sociétés à l'extérieur de l'Eglise, et si "Touche-pas-à-mon-Eglise" à l'intérieur?"

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