mardi 21 septembre 2010

Bunkerisation

Quel mot! Employé par Bernard Guettaz sur France Inter dans un édito lumineux, il n'est pas facile à prononcer, ni sans doute très récent; mais il dit bien ce qu'il veut dire! L'Europe se "bunkerise"...

On s'en rend compte en voyageant un peu: fiches policières en Italie sous l'influence d'une Ligue du Nord consternante, déclarations imbéciles de certains flamants belges, rodomontades du FN, mensonges sanglants de l'ETA basque.... Arriverons-nous à un repli sur soi généralisé des nations, voire des régions, une sorte de féodalisation (quel mot encore!) de l'Europe, un retour à ce qui fit le malheur de nos pays à travers deux guerres mondiales? L'étranger, blanc ou basané ou noir, devient-il l'horreur?

Se replier sur soi, est-ce un réflexe de peur? En tous cas, c'est le réflexe de l'ado qui se mure dans le rejet des autres parce qu'il est en mal d'une affirmation de soi qui ne vient pas. C'est aussi le réflexe de celui qui refuse de partager.

Il n'y a pas si longtemps, on a vu des prêtres se faire les champions de la celtitude, de la basquitude ou de la corsitude. Ils avaient lu l'Evangile, mais avaient joué les prolongations de façon assez incongrue. Missionnaires, nous avons connu ce dilemne: aider les "kirdi", les gens des montagnes jadis méprisés, à affirmer leur identité et leur fierté de race face aux musulmans. Il fallait les encourager à s'affirmer, mais en même temps les aider à ne pas faire de leur ethnie le centre de tout, comme cela s'est vu. Sans peur certes, mais aussi sans exclusive de 'l'autre", afin qu'un jour naisse une véritable société civile camerounaise.

Il me semble que pour nous, oblats du monde et chrétiens de haute mer, la voie à suivre soit claire, sinon facile.