dimanche 24 mai 2009

mission

Je viens de lire avec beaucoup de joie, et un peu d'émotion, un article de Mgr Doré, évêque émérite de Strasbourg, dans la revue Spiritus de juin 2009 :"Sur la mission de l'Eglise." Tout d'abord, soulignons que le P.Doré est allé sur le terrain, au Pérou d'abord, puis dans le diocèse de Darwin, en Australie. Deux endroits tellement différents, mais où la mission est vécue dans le même esprit.
L'évêque a pu constater, à la fois la place de la formation des laïcs, mais aussi et surtout l'importance de la promotion humaine dans la Mission.
Réfléchissant, Mgr Doré renvoie dos à dos les missiologues en chambre qui, s'appuyant sur une "nouvelle évangélisation" mal comprise, limitent la Mission à l'annonce de l'Evangile et à l'administration des sacrements, et ceux qui ne voient dans la promotion humaine qu'un moyen commode pour faire du prosélytisme, autrement du "raccolage chrétien", système déjà largement pratiqué par les sectes.
Ce que l'évêque a vu au Pérou et en Australie, m'a ému, car c'est exactement ce que nous avons pratiqué, et ce qui continue à se pratiquer, au Nord-Cameroun. Pour nous, la promotion humaine fait partie de la Mission, non pas comme une méthode d'apostolat, mais comme un aspect très concret - et compris comme tel par les gens - de l'amour.... Quand tu vois un chef de canton gruger ses administrés, profitant de leur ignorance de la loi et de leur illétrisme, vas-tu rester l'arme au pied? Tiens donc! Aimer, très concrétement, c'est aussi missionnaire et aussi important qu'évangéliser? Sinon plus?
J'ajoute qu'un effort gigantesque est fait pour former les chrétiens: puisatiers, alphabétiseurs, agriculteurs, animateurs de rue... Formation technique bien sûr, mais aussi formation visant à ce que ces chrétiens soient prêts à dire à tout moment pourquoi ils agissent.
Si vous ne me croyez pas, allez faire un tour au Nord-Cameroun, au Centre Jéricho par exemple. Ou alors, si c'est trop loin, allez tout simplement demander aux Oblats de Marseille pourquoi se sont-ils engagés dans la MGM (Mutuelles Générales de Marseille)???

samedi 16 mai 2009

agapè

Eclair de joie dans les yeux de ma soeur: sa petite-fille, C..., ayant pris quelque distance d'avec ses parents, commence à s'interesser à un service dans la Coopération. Déjà, comme pour s'y préparer, elle va s'occuper d'handicapés légers.
Vive, spontanée, assez coquette ce qui n'est pas un mal, elle semblait jusqu'ici n'avoir les yeux de Chimène que pour l'art et les artistes. Et voilà qu'un autre monde s'ouvre à elle.
Peut-être C... nous aide-t-elle à comprendre ceci: de même qu'elle a pris son indépendance, ce qui la fait exister vraiment, ainsi va-t-elle s'employer à faire exister les autres. Sans trop connaître le mot sans doute, elle a compris ce que veut dire "agapè", l'amour - celui qui vient de Dieu. Agapè, c'est aider les autres à exister.

mardi 5 mai 2009

les deux salles



Dans les fermes flamandes de mon enfance, on gardait souvent une des pièces de devant pour recevoir les visiteurs. On pensait leur faire honneur en les accueillant dans cette pièce d'une propreté méticuleuse, un brin solennelle, avec trois gros livres dorés sur tranche savamment disposés sur la table de chêne sombre, au centre.
Mais on n'habitait pas cette pièce; la maisonnée se tenait dans la cuisine, avec ses relents de friture, les jouets des enfants qui traînent, et les simples chaises en paille qui invitent à s'asseoir pour boire le café à la chicorée, toujours prêt au coin de la cuisinière.
Quand on venait pour la première fois, on était reçu dans la première pièce, celle où l'on ne vit pas, celle qui ne vit pas. Pas très encourageant. Mais si tu revenais, alors c'était la chaleur de l'accueil flamand, dans la cuisine, et les rires, et le café. Avec un peu de chance, ça allait jusqu'au steack-frites partagé.

Si tu entres dans une église en semaine, tu auras sans doute la même impresssion que dans la première pièce: des chaises bien rangées, des statues solennelles au goût improbable, et là-bas loin, la lampe rouge du St Sacrement. Ah bon! Il y a quand même quelqu'un! Somme toute, ce n'est pas trop encouageant. Mais tu n'es qu'en visite...

Alors, avec un peu de chance et beaucoup de flair, reviens lors d'une assemblée du dimanche. Ne t'offusque pas si la liturgie sent parfois son improvisation, ne t'attarde pas sur les chants quelque peu malmenés, mais regarde "de l'intérieur": tu es dans la deuxième pièce, celle où l'on vit. Tu arrives au moment où une foule devient un peuple; une foule transformée, un peuple qui vit, réalisant en lui-même ce que l'Eucharistie signifie... Tiens! Il y a pas mal d'enfants. Certains s'amusent un peu, passant entre les bancs sous l'oeil attendri des grand'mères. Cela me rappelle les yeux ronds des petits, en Afrique, contemplant avant de l'imiter, la vieille dame esquissant un pas de danse dans l'allée centrale, pendant le chant de communion.

Il ne manque que le café... Mais au fait, à Lumière, du café, il y en a chaque premier dimanche du mois. Et du bon! Vous y serez?