samedi 28 mars 2009

ça bougonne

Oui, ça bougonne, ça ronchonne, ça grognonne. Ce matin, le commentaire d'évangile sur RCF a "encore" été fait par un protestant, qui plus est par une pasteure. Alors, on n'a plus assez de bons catholiques pour s'occuper de ça?
Et nous voilà retombés dans ce travers bien français, qui juge l'appartenance plus que les personnes. Sommes-nous devenus un peuple de commerçants, qui met des étiquettes sur tout ce qui bouge?
Justement, l'évangile proposé ce matin, Jean 7/40-53, éclaire notre propos avec beaucoup d'humour: Jésus n'est pas jugé sur sa personne ou ses dires, mais sur le fait qu'il est galiléen. A la fin, "chacun rentre chez soi" et (je prolonge le texte) ferme ses double-vitrages sur le monde, pour continuer tranquillement à mettre ses étiquettes sur chacun, sans savoir.
Bravo RCF, qui nous aide à ouvrir nos fenêtres, à penser que le voisin du dessus n'est pas celui du dessous, que ce militant CGT n'est pas forcément un ange, et le patron de la boîte voisine pas forcément un vampire.... Il n'y a d'amour que de personnes, non?
Au vol, j'ai saisi des bribes d'une chanson de Francis Cabrel:
" Nous sommes les hommes tous pareils,
plus ou moins nus sous le soleil.
J'aime mieux un monde polychrome,
où vous vous êtes, et nous nous sommes."

lundi 16 mars 2009

A six ans, j'étais un réfugié


L'autre jour avec un ami, nous arpentions la dune, espérant lever quelque lapin ou une possible bécasse. Et soudain, en traversant un hallier, nous sommes tombés sur une tente, désertée par ses occupants, mais visiblement depuis peu. Des réfugiés, des migrants... Avaient-ils fui à notre approche?


Entre Calais et Dunkerque, on les rencontre partout, campant dans les fossés, déambulant sans but au long des routes, le capuchon serré sur la tête à cause du froid.


Pour moi, le symbole du réfugié, c'est le passeport. Passeport écorné, maculé, constellé de cachets. Au Cameroun, je lisais: "Entré au Nigéria le 10.03, sorti du Nigéria le 12.03; entré au Tchad le 12.03, sorti du Tchad le 13.03; entré au Cameroun etc... La misère de la terre errant dans les rues de Maroua: Sierra-Léonais, Libériens, Rwandais, Erythréens. Perdus, muets car anglophones, les yeux pleins de la peur qu'ils avaioent vécu.


Vers Calais aussi, ils ont peur; mais je n'ai jamais autant compris combien la fureur de vivre peut amener des hommes, des familles, à supporter des choses incroyables.


Oui, je me souviens - un peu. J'avais six ans en 1940: le chaos sur la route du cap Gris-Nez, la maison normande qui tangue comme un bateau ivre sous les bombes allemandes, mon père m'enveloppant dans une couverture pour se précipiter à la cave. Je me souviens, et cela m'aide à comprendre les yeux hagards des réfugiés de Sangatte.

jeudi 5 mars 2009

Opinion publique


Même si la "vox populi" (la voix du peuple), n'est pas toujours la "vox Dei" (la voix de Dieu), on ne peut que se réjouir des réactions soulevées par la levée de l'xcommunication des évêques intégristes, par celles provoquées par les dires de cet évêque négationniste, et par le refus du peuple chrétien devant la nomination d'un évêque autrichien aux propos scandaleux.

Il faut se réjouir encore plus du fait que les responsables de notre Eglise aient tenu compte de ces réactions. Oui, l'opinion publique, et pas seulement chrétienne, a bien sa place dans l'Eglise. Bien sûr, cette "voix du peuple" n'est pas la seule raison des réactions de Rome, mais elle y a certainement contribué.

Dans les pays d'Afrique régis par des dictatures plus ou moins musclées, les chrétiens s'efforcent de donner une véritable instruction civique aux jeunes. Ceci pour favoriser l'émergence d'une vraie société civile, donc d'une opinion publique responsable. Faute de cela, il est des appels, ici à l'obéissance, là au respect de l'ordre, qui visent à anesthésier tout esprit critique fût-il constructif.

Dans la pratique, sur le plan pastoral, cela veut dire en clair: prendre au sérieux le rôle des laïcs dans l'Eglise. Sinon, pourquoi seriner aux chrétiens qu'ils sont le levain dans la pâte, responsables de l'évangélisation etc...?

Au fond, après le cheval, l'opinion publique n'est-elle pas une des plus nobles conquêtes de notre monde démocratique?