mardi 5 mai 2009

les deux salles



Dans les fermes flamandes de mon enfance, on gardait souvent une des pièces de devant pour recevoir les visiteurs. On pensait leur faire honneur en les accueillant dans cette pièce d'une propreté méticuleuse, un brin solennelle, avec trois gros livres dorés sur tranche savamment disposés sur la table de chêne sombre, au centre.
Mais on n'habitait pas cette pièce; la maisonnée se tenait dans la cuisine, avec ses relents de friture, les jouets des enfants qui traînent, et les simples chaises en paille qui invitent à s'asseoir pour boire le café à la chicorée, toujours prêt au coin de la cuisinière.
Quand on venait pour la première fois, on était reçu dans la première pièce, celle où l'on ne vit pas, celle qui ne vit pas. Pas très encourageant. Mais si tu revenais, alors c'était la chaleur de l'accueil flamand, dans la cuisine, et les rires, et le café. Avec un peu de chance, ça allait jusqu'au steack-frites partagé.

Si tu entres dans une église en semaine, tu auras sans doute la même impresssion que dans la première pièce: des chaises bien rangées, des statues solennelles au goût improbable, et là-bas loin, la lampe rouge du St Sacrement. Ah bon! Il y a quand même quelqu'un! Somme toute, ce n'est pas trop encouageant. Mais tu n'es qu'en visite...

Alors, avec un peu de chance et beaucoup de flair, reviens lors d'une assemblée du dimanche. Ne t'offusque pas si la liturgie sent parfois son improvisation, ne t'attarde pas sur les chants quelque peu malmenés, mais regarde "de l'intérieur": tu es dans la deuxième pièce, celle où l'on vit. Tu arrives au moment où une foule devient un peuple; une foule transformée, un peuple qui vit, réalisant en lui-même ce que l'Eucharistie signifie... Tiens! Il y a pas mal d'enfants. Certains s'amusent un peu, passant entre les bancs sous l'oeil attendri des grand'mères. Cela me rappelle les yeux ronds des petits, en Afrique, contemplant avant de l'imiter, la vieille dame esquissant un pas de danse dans l'allée centrale, pendant le chant de communion.

Il ne manque que le café... Mais au fait, à Lumière, du café, il y en a chaque premier dimanche du mois. Et du bon! Vous y serez?

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