vendredi 23 janvier 2009

La langue de tout le monde

"La Parole de Dieu, c'est meilleur que le miel liquide!" chante Catherine. Réponse - toujours chantée - de l'assemblée :"Mieux que le miel liquide, dis-tu? Non! C'est meilleur que le poulet frit à l'huile!" Ainsi chantent les kapsiki, et à les entendre reprendre en choeur, un sourire en coin sur les lèvres, on comprend que c'est leur louange, avec des mots de chez eux. Tout juste si l'on ne hume pas l'odeur de la friture (excusez l'exagération, je viens de faire 9 ans à Marseille).
Quand l'Eglise comprendra-t-elle que ce ne sont pas les gens qui doivent s'adapter aux théologiens ou aux liturges, mais bien ces derniers qui doivent descendre dans la rue? Dieu merci, bien des choses ont changé depuis le Concile, mais quand même: des oraisons traduites du latin et servies telles quelles sont peut-être d'une concision et d'un contenu théologique époustouflants, mais elles ne disent rien aux gens d'aujourd'hui! Que n'imitons-nous ce missel italien où, après l'oraison "officielle", on trouve une autre prière simple et adaptée à l'évangile du jour?
Et la prière universelle! Je veux bien, d'un dimanche à l'autre, "prier pour les malades et les prisonniers". Mais si je priais pour la famille d'Olivier, emprisonné à Laon et qui s'est suicidé le 1er janvier 2009 (Le Monde du 16.01.09), je saurais que derrière Olivier se profilent les 63.619 personnes incarcérées aujourd'hui en France, et leurs familles.
Bien sûr, la langue litugique doit garder sa force symbolique pour accéder au Mystère de Dieu, mais justement, même en 2009 nous vivons entourés de symboles: les langages politiques, sportifs en usent à profusion, et les gens comprennent. Alors?
"J'ai fait un rêve": on m'a dit que le pape, lors de sa dernière visite à Paris, est entré à Notre Dame. Et - paraît-il - quand il en est sorti, il n'était plus le même... Alors je rêve: si la liturgie, dans sa "noble sobriété", entrait dans le Peuple chrétien - cette autre cathédrale - en sortirait-elle changée, elle aussi?

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